Après mon 1er marathon en avril à Paris en 3h42, j’avais besoin d’un nouveau défi sportif. Mes amis Éric, Nico et Flootch s’étaient inscrits à la SaintéLyon, un trail nocturne de 72 km entre Saint Étienne et Lyon le 6 décembre. J’aime relever de nouveaux défis mais j’hésitais car pour courir 72 km dans le froid, la neige avec des dénivelés de malade et tout ça de nuit, il faut être un peu taré.
L’inscription
Lors d’une soirée arrosée à l’appart le 2 mai au soir avec notre pote lyonnais Flootch mais aussi Vincent Gaudin qui avait fait sa 1ère SaintéLyon en 2013, je m’inscris après quelques verres de rhum. Et oui l’abus d’alcool peut être dangereux 😉 Mon pote et coloc Flo nous prenant pour des fous, je l’ai inscrit aussi dans la foulée alors que lui ne court pas !
C’est ainsi que le 3 mai 2014 à 3h04 nous étions inscrits tous les 2 !!
La préparation
Normalement pour un tel trail, il y a des plans de préparation de 6 à 10 semaines .
Ma prépa se résume en 3 sorties longues et 9 petites sorties de 8 à 10 km !
Depuis le marathon, j’avais fait des sessions jogg.in de quelques km mais plus aucune sortie longue de plus de 16 km depuis cet été ! J’ai refait une course longue le 12 octobre pour les 20km de Paris et j’avais galéré malgré un temps plus qu’honorable. A un moment j’ai même hésité à revendre mon dossard car je n’étais pas motivé à 100%
Ma préparation a vraiment démarré pile 1 mois avant la course le 6 novembre avec la sortie SaintéLyon au magasin Terre de running à Puteaux. C’était ma 1ère sortie nocturne de 10 km avec lampe frontale et j’y ai pris plaisir et me suis dit banco, je vais continuer la prépa. J’y ai emmené Flo qui a aussi fait sa 1ère sortie running de sa vie.
Ensuite en plus de quelques sorties de 8-10 km, j’ai fait 3 sorties longues :
- Une sortie longue de 2h10 au Luxembourg
- Mon 1er trail de nuit à de 18km à Montfort dans la forêt de Rambouillet avec mes associés Théo et Thomas, mon coloc Flo et Éric. Belle 1ère expérience de nuit qui m’a motivé et démontré que j’étais capable de courir de nuit et que les sensations en forêt étaient différentes et bien plus agréables que celles sur route.
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Le 22 novembre, j’ai fait sous le soleil le circuit des 25 bosses avec Éric dans la forêt de Fontainebleau. 3h30 pour 15km en mode trail, rando et escalade. Que du bonheur ! A 1h de Paris, j’avais l’impression d’être dans les Alpes.
Mon alimentation
Au niveau alimentation pour le marathon j’avais durant le dernier mois de préparation supprimé l’alcool et fais attention à ce que je mangeais mais la j’ai juste réduit la consommation d’alcool en supprimant les soirées à l’Aperock et en ne buvant que lors des dîners au resto et aux ApéroVoyageurs. Les derniers jours, c’était quinoa !
Mon équipement
Avec le début de ma prépa, j’ai commencé à m’équiper. Voici ce que j’avais sur moi le jour J
- une paire de New balance 1210
- un sac à dos Oxsitis Hydragon avec 2 gourdes intégrées
- une paire de gants polaire Decathlon et une paire de gants en soie Odli (le jour même je n’ai pas eu besoin des gants en polaire)
- un bonnet en polaire
- un coupe vent extra léger North Face
- des chaussettes de trail
- un t-shirt haut manches longues Odlo Warm
- un collant Odlo Warm
- une lampe frontale Led Lenser SEO5
- et de la crème Nok pour éviter les irritations entre les jambes
- Et…une polaire offerte par l’office du tourisme lors de notre trip au Québec.
La veille du jour J
Partis en voiture de Paris avec Éric, sa copine Caro, Flo et moi, nous arrivons à Lyon le vendredi soir où nous sommes hébergés dans la maison d’une amie Caro. Encore un grand merci Caro !
Le soir après avoir profité de la fête des lumières, nous prenons un dernier plat de pâtes chez notre pote Flootch entre voyageurs-runners avec Flootch, Matthieu et Flo.
Le jour J
Couchés à 2h du mat, ma nuit a été assez difficile. Bien que levé à 13h je n’ai pas bien dormi du tout et me suis réveillé à plusieurs reprises. Bref je me suis réveillé très fatigué et donc pas motivé car j’avais peur que cette fatigue m’handicape pour la course.
La seule chose qui m’a motivé durant la journée, ce sont tous les SMS et messages d’encouragement. Merci à vous même si certains messages ressemblaient plus à des condoléances genre « toutes mes pensées t’accompagnent dans cette épreuve » !
Après un petit dej-dej, direction le stade Gerland pour retirer les dossards. Ca sera le 1522 pour moi et le 1523 pour mon alcoolyte Flo et 429 pour Eric !
Après un bon plat de pâtes, une bonne douche, la préparation des sacs, Caro nous conduit Éric, Flootch, Flo et moi jusqu’à Saint Étienne.
Dans la voiture l’ambiance est une ambiance d’enterrement et les 42km par l’autoroute pour rejoindre Saint Étienne nous semblent interminables. A ce moment la, j’ai du mal à imaginer que je vais bientôt en faire 72 en courant dans l’autre sens d’autant plus que je n’arrête pas de bailler !
Bref, nous arrivons à Saint Étienne vers 22h30 sous la pluie et le froid et rejoignons le parc des expositions où se trouvent les 10000 coureurs. Ils sont tous allongés par terre avec sac de couchage. On se croirait dans un camp de réfugiés !
On y retrouve nos potes Nico, Vincent et Adrien et aussi Mark que je connais par mon ancienne salle de sport. Comme je n’étais toujours pas à fond dans l’ambiance, j’ai attendu jusqu’àu dernier moment pour me changer.
Avant de courir, j’avais 3 peurs : le froid, la nuit et surtout la fatigue.
Ce n’est qu’en sortant et qu’en voyant que je n’avais pas froid du tout que j’ai commencé à me sentir bien car une de mes peurs venait de disparaître.
Une fois dans le sas de départ, je suis enfin motivé et heureux de relever ce défi avec mes potes et 5600 autres participants.
La course
Le départ avec toutes les frontales allumées et la chanson « Light my fire » de U2 est magique : « Come on baby, light my fire, Come on baby, light my fire, Try to set the night on fire »
Ça se passe plutôt bien. Flo nous lâche vers le 7eme km pour continuer à son rythme et nous continuons avec Flootch et Mark. Après quelques montées à la sortie de Saint Étienne, nous entrons sur des chemins de terre et perdons Mark qui est plus traileur que nous.
Nous décidons dès le début de faire toutes les montées en marche rapide et de courir le reste du temps.
A un moment nous avons une vue magnifique avec un serpentin de lumières derrière nous. C’est un des moments les plus magiques de cette course.
Après avoir croisé notre pote lyonnais Romain World tour, nous arrivons avec Flootch au 1er ravito à St Christo au bout du 16ème km. Les pims, cookies et gatorade orange sont à ce moment la un véritable festin. C’est comme si je mangeais du foie gras accompagné de champagne !
Nous repartons avec Flootch dans le froid, la neige et la boue pour affronter chemins boueux et dénivelés. Flootch qui était tout le temps à côté de moi, est d’un coup derrière moi. Il a une crampe. Je me mets à son rythme mais après quelques km, il me dit de le laisser et de tracer ma route. Je me sens coupable de le laisser la mais continue ma route seul à partir du 20ème km selon ses dernières volontés. Rassurez vous, il n’est pas mort !
Ensuite tout s’enchaîne bien.
Au 2ème ravito à Saint Catherine au 28ème km, je croise Amadou que je connais de la Runnosphère parisienne et prends mon temps. Je checke mon Twitter, vois que Flo avance bien et vois vos encouragements sur Facebook et Twitter.
Je me sens bien et toutes mes peurs ont disparu : je gère le froid, la nuit et la fatigue.
A part 2-3 coups de vent, je n’ai pas eu froid. La veste polaire du Québec que j’ai emmené au dernier moment a été bien utile.
C’est reparti avec la boue, les sentiers plein de flaques, et même les barbelés à certains moments. Les pieds sont trempés à plusieurs reprises. C’etait un veritable mud day !
Le 3ème ravitaillement à St Genou est dans une tente au 39ème km. La tente est trop étroite pour le monde. L’ambiance se ressent. J’ai réussi a récupérer tant bien que mal un Gatorade orange, ma boisson officielle de la course et je repars.
Ce qui est motivant dans cette course, c’est qu’il y a des supporters qui ont bravé la nuit et le froid pour nous encourager et ça fait chaud au coeur.
Le 4ème ravito à 48ème km est déjà mieux organisé.
Au 50eme km après ce ravito et 7h40 de course, le ciel devient plus lumineux et des touches orangées sont dans le ciel. Peu de temps après le jour se lève mais il fait gris.
Je me sens encore très bien et me dis qu’il n’y a plus qu’un semi marathon a faire et comme je le fais en 1h39, je me dis pas de problème dans 2h je suis arrivé. Et oui j’ai oublié de vous dire que je n’avais pas vraiment regardé le tracé et tout le monde m’avait dit que les derniers km étaient roulants ! Erreur !!!
Entre le 55eme et le 60km, j’ai le fameux mur au sens propre comme au figuré. Les montées ne s’arrêtent plus et mes jambes commencent à dire stop.
Au 5eme et dernier ravito à Chaponost au 57ème km, je ne reste que quelques minutes, le temps de remplir ma gourde de menthe à l’eau et de manger bananes et mandarines.
A la sortie, je vois des enfants en trottinette et skate et je leur emprunterai bien.
Au 60km, je me rends compte de l’exploit que je suis entrain de réaliser et les larmes commencent à monter. Quoi qu’il arrive j’irai jusqu’au bout.
Les derniers 5km seront les plus interminables. J’ai mis 1h pour les faire. En plus la batterie de ma montre Garmin me lâche a ce moment la. Mon sac à dos pourtant hyper léger pèse des tonnes par moment. Dans les montés, je sens tous mes muscles qui tirent des lombaires jusqu’à la voûte plantaire en passant par les quadriceps, les mollets et j’en passe.
Moi qui cours tout le temps en musique, j’ai couru ces 72km sans musique en totale connexion avec le présent et mon environnement. Je n’ai pas eu le temps de faire une introspection, ni de repenser à ma vie ou au futur, j’ai simplement vécu l’instant présent en me disant comme Forrest Gump : Cours Forrest, Cours ! ou plutôt Cours Laurent, cours Laurent !
Mettre un pied devant l’autre était ma seule préoccupation. J’étais tellement concentré dans l’instant présent que je n’ai pas été fatigué à un seul instant.
A la fin il y avait des dénivelés importants dans la banlieue lyonnaise, des marches, des aqueducs, des pentes raides, des traversées de parc d’accrobranche, etc. Une fois arrivé dans Lyon et franchi un premier pont après un détour alors que le pont était devant moi ! , je franchis le pont Raymond Barre et même s’il ne reste que 2 km je marche.
A 500m avant la fin, un coureur qui marche comme moi est encouragé par sa famille à courir. Je lui dis que mes jambes n’en peuvent plus non plus mais qu’on peut courir ensemble jusqu’à l’arrivée.
J’arrive donc en 10h55 sous l’arche dans le stade Gerland, heureux, content, soulagé, fier et ému.
Moi qui ai commencé à faire du sport qu’à l’âge de 30 ans, je suis fier des progrès accomplis et des 2 exploits sportifs que j’ai réalisés cette année pour mes 40 ans : le marathon de Paris et la SaintéLyon. Comme quoi avec de la volonté, on arrive à tout.
Comme le dit Magic Johnson : « Croyez toujours en Vous. Ne soyez jamais satisfait. Emmenez toujours votre jeu vers le niveau supérieur et vous connaitrez le succès ».
A peine arrivé, j’entends mon nom dans la tribune. C’est Matthieu qui a fait la Saintexpress de 23 km et qui a passé la nuit dans le stade. Je suis content de le voir. Ensuite le coeur et la voix remplis d’émotions, j’appelle mes parents. Je retrouve ensuite Caro et Éric qui a couru en 9h50 ! Chapeau le champion !
Après une séance d’ostéo et une bonne douche chaude dans le stade, je retourne à l’arche d’arrivée et vois sur internet que Flootch et Flo finissent la course ensemble et doivent arriver vers 13h20.
Je retourne donc sur le parcours pour encourager Flootch et courir avec lui. Il arrive en 13h17 malgré sa blessure au genou. Bravo champion !
Je retourne ensuite à nouveau sur le parcours des derniers mètres, j’y retrouve Flo qui est heureux de me voir et je franchis une 2eme fois la ligne d’arrivée avec mon pote. C’est un beau moment. Il arrive en 13h21 alors qu’il n’a commencé à courir qu’il a 1 mois. Je suis content et super fier de mon pote. Bravo l’artiste !
J’accompagne Flo au stand ostéo-massage et j’en profite aussi pour me faire masser car j’ai des douleurs des fessiers, lombaires jusqu’à la plante des pieds.
Ensuite burger, bière, sieste, repas, massage et au lit.
Pour conclure, je dirais tout simplement comme le bestseller : Merci pour ce moment !
Voici le classement de mes potes :
– Adrien Genet : 8h28
– Eric Masina : 9h50
– Nicolas Manger : 10h18
– Vincent Gaudin : 10h18
– Florent Dumas (Flootch) : 13h17
– Florian Mosca (Flo) : 13h21
Et voici aussi mon résultat officiel :
Alors, ça vous a donné envie de participer à l’édition 2015 ?
En bonus, voici la vidéo de Flo qui n’avait jamais couru de sa vie avant de réaliser cet exploit !