Pourquoi ce marathon ?
De retour de mon tour du monde en 60 jours en août 2012, suite à un défi lancé par mon amie Mélanie alias Marcopaulette, je me suis inscrit aux 10km de Paris Centre en octobre 2012 alors que je n’avais jamais couru auparavant. Finalement j’y ai pris un tel plaisir que depuis j’ai couru 2 autres 10km et 3 semi-marathons dont un en Thaïlande. C’est donc tout naturellement que le prochain challenge devait être pour moi l’une des épreuves reines de l’athlétisme qu’est le marathon et parcourir la même distance que le messager grec Phidippidès de Marathon à Athènes soit 42,195 km.
J’aurai du courir mon premier marathon en novembre dernier de Nice à Cannes mais malheureusement suite à un trek de 2 jours sur la mer de glace à 1 mois de l’épreuve, je m’étais blessé avec une tendino-bursite de l’ilio-psoas gauche et cassé l’ongle du gros orteil gauche qui est tombé il y a 2 semaines. Ce détail aura son importance pour la suite de ce récit…Résultats : pas de running pendant 2 mois, pas de marathon et 10 séances de kiné !
Une bonne leçon pour la suite : rester focus sur le marathon et ne pas se disperser!
Je retente donc ma chance avec le marathon de Paris qui est l’un des 5 plus importants marathons du monde avec New-York, Londres, Berlin et Chicago.
Ma préparation physique
Cette fois ci, plus d’impair ou presque…
Mon ami et coach Thibault depuis 10 ans qui m’a transmis sa passion du sport et du running m’a également fait adhérer à sa philosophie du No Pain No Gain : un esprit fort dans un corps fort.
Il m’a construit un plan de préparation sur 10 semaines que j’ai suivi à la lettre en participant notamment à plusieurs sessions avec jogg.in car courir en groupe est bien plus motivant. Cette préparation alliait sorties courtes, fractionnés, sorties longues et gainage.
Avant le semi-marathon de Paris début mars à mi préparation, je sentais un peu de lassitude car courir 2 fois par semaine c’est un vrai plaisir mais 4 fois ça commence à être pesant. Mais comme j’ai réalisé une bonne performance lors du semi-marathon de Paris que j’ai couru en 1h39, cela m’a reboosté. J’ai également couru 20km pour le plaisir lors d’un weekend à Berlin et fait une course de 10 km à Hanovre et une course de 24 km à Monaco qui se sont bien déroulées.
Mon régime alimentaire
En plus de faire attention à mon alimentation (pas de régime spécial mais juste un peu de bon sens : poissons, poulet, féculents, pas trop de desserts,..) , j’ai complètement arrêté l’alcool un mois avant la course et bu beaucoup d’eau les dernières semaines. C’est là que je me suis rendu compte du rôle social qu’avait l’alcool dans les fêtes de famille, les cocktails professionnels et soirées entre amis. Je suis souvent passé pour un extraterrestre alors que d’ordinaire je suis plutôt un bon vivant.
Entre la suppression de l’alcool, l’entrainement et le fait de faire quelques sessions à jeun, j’ai perdu 7 kg en 10 semaines. C’est mieux que les régimes Dukan et autres. Je devrai peut être proposer un article à ce sujet au magazine Mens’Health !
Ma semaine avant la course
Après 9 semaines de préparation, je me sentais fin prêt sauf qu’une semaine avant la course, j’ai commis une erreur pourtant j’avais été averti suite à ma blessure lors ma dernière préparation. En effet 8 jours avant l’épreuve, j’ai gravi en courant les 48 étages du plus haut gratte ciel de France : La Tour First à La Défense (230 m). C’était une course blanche en préparation de la course Vertigo qui aura lieu le 16 mai et à laquelle jogg.in est associé. Le lendemain je suis monté en haut de la Tour Eiffel à pied avec mes parents.
Résultat des courses : j’avais tellement mal aux mollets que je souffrais en marchant et en faisant un footing de 4km le mardi. Jimmy, le masseur de mon club de sport l’Usine m’a fait un massage des jambes le soir même. Je craignais une tendinite au talon d’Achile. Il m’a conseillé le repos et de me mettre des glaçon dessus. C’est ce que j’ai fait mais comme je ne courais plus, cela m’a vraiment stressé et j’avais peur qu’après 10 semaines de prépa, je ne puisse pas finir mon marathon.
J’ai donc très mal dormi la semaine avant le marathon. Pourtant j’aurai du savoir qu’il ne fallait pas brusquer son corps à quelques jours de l’épreuve.
Le compte à rebours final
J-2 : Je retire avec mon associé Théo mon dossard sur le salon Running Expo.
J-1 : Mon ami alsacien Christophe qui est venu participer à son 20ème marathon et Théo me rejoignent pour les derniers préparatifs (accrocher le dossard, préparer toutes ses affaires pour le lendemain) et un dernier repas de sportif (Quinoa et filets de poulet ).
Un dernier coup d’œil sur le site de Météo France qui annonce des pluies éparses pour le marathon. On se dit qu’on fera avec.
Couché avant 23h, je passe une mauvaise nuit. Je me réveille en sueur à 2H puis à force de m’être ré-hydrater, je me réveille à nouveau à 4H pour aller aux toilettes et me réveille et rendors ensuite à plusieurs reprises.
Le Jour J : La guerre
6h30, le réveil sonne ou plutôt la radio se met en route avec une bonne nouvelle : Europe 1 annonce qu’il ne devrait pas pleuvoir durant le marathon de Paris.
Après un petit déjeuner composé de jus de fruit, thé et gâteau protéiné à la poire, nous quittons l’appartement à 7h20 pour nous rendre au point de départ situé sur l’avenue des Champs Elysées.
Nous retrouvons tout d’abord mon autre associé Thomas qui suite à un accident de moto peu de temps avant le marathon, a cependant grâce à un énorme élan de générosité réussi à mobiliser une cinquantaine de personnes qui ont couru le marathon en relais et poussé la joelette de sa maman Chantal, atteinte de sclérose en plaques. C’est une belle preuve d’amour de Thomas envers sa maman et une belle preuve de courage de Chantal. Bravo !
Puis nous rejoignons notre SAS de 3h30 avec Théo et Arnaud, un autre pote joggineur.
Pourquoi 3h30 ? En démarrant ma préparation mon objectif était de finir mon premier marathon en 4h mais suite à mes dernières performances, mes amis runners me prédisaient un temps compris entre 3h35 et 3h45. Je me dis au fond de moi que j’en suis capable et je décide de régler mon allure sur ma nouvelle montre Garmin à 5.00 min le km (12,06 km/h) sachant que j’ai une marge jusqu’à 5.20 (11,25 km/h) si je veux finir ce marathon en moins de 3h45.
Juste au moment du départ comme par miracle le soleil fait son apparition. C’est magique.
8h55, c’est le départ.
Le fait de descendre la plus belle avenue du monde et la rue de Rivoli sous le soleil et sous les encouragements du public me met dès le départ du baume au cœur. C’est féerique. J’ai vraiment l’impression que la ville lumière et la plus belle avenue du monde nous appartiennent.
Jusqu’au 10ème km, j’arrive même à courir avec Théo mais aux ravitaillements je le perds de vue.
Au bout de 24 min, je suis au 5ème km à la place de la Bastille près de mon appartement, au 10ème km à l’entrée du bois de Vincennes en 50 min, au 15ème km dans le bois à 1h15 et au 20ème à la sortie du bois en 1h40. Au semi à 21,1 km je me trouve Avenue Dausmenil où j’ai vécu lorsque j’étais étudiant et tout va très bien : j’ai l’impression de faire un footing.
Au 25ème km après avoir longé les quais de Seine et aperçu Notre Dame tout va toujours bien.
Après le 25ème km, nous passons sous la voie Georges Pompidou, un tunnel de plus de 1km et là l’ambiance est magique. Schneider Electric , le sponsor principal du marathon qui porte d’ailleurs son nom a mis en avant son savoir faire avec des jeux de lumière, de lasers et de la musique dignes d’une boite de nuit. Superbe ambiance. J’adore.
Nous passons ensuite devant la Tour Eiffel et arrivons au bois de Boulogne.
Entre le 30ème et 35ème km, je suis à une moyenne de 5.20 et et me dit que cela va encore pour être en dessous des 3h45 et à ce moment là, je me prends pour Superman et me dit que le fameux mur des 30 km ne sera pas construit pour moi. Erreur !!!
Comme je l’ai indiqué plus haut, suite à un trek en novembre dernier, l’ongle de mon gros orteil gauche est devenu noir et est tombé il y a 2 semaines. Un nouvel ongle très fin a fait son apparition sur le gros orteil et à partir du 35 km à l’entrée du bois de Boulogne, cet orteil me fera souffrir mais j’essaie d’oublier la douleur et continue à avancer.
Au 35ème km, je suis à 5.46 et ensuite entre 35km et 40km, je resterai aux alentours de 5.40 mais le vrai mur apparaît après le 40ème km où je passe à plus de 6 minutes le km. Et là, soudainement la playslist de mon iPhone qui était réglé sur un bon mix de 3h45 se met à bugger et me passe en boucle « In my place » de Coldplay. J’adore cette chanson mais à ce moment là de la course, il me faut tout sauf cette chanson.
Après le ravitaillement des 40km, je me mets même à marcher un très court instant mais me dit dans ma tête que je suis venu ici pour courir et non pas pour marcher. En sortant du bois de Boulogne, ma volonté reprend le dessus, j’oublie la douleur et sprinte à 4.47 pour finir le marathon en 3h42. Je suis 8590ème sur 39115 partants.
A l’arrivée, je me sens bien mais sans vraiment réaliser ce qui m’arrive.
Après quelques instants, je m’assois sur le côté et reçois un coup de fil de mon cousin Mathieu avec qui j’avais fait ma dernière sortie longue de 25 km il y a 2 semaines en Alsace. Et là, en lui parlant je réalise mon exploit : je suis FINISHER ! L’émotion apparaît dans ma voix et je commence à avoir les larmes aux yeux.
Il y en d’autres qui ont disputé leur premier marathon comme l’Éthiopien Kenenisa Bekele, triple champion olympique sur 5000 et 10.000 m mais lui est arrivé premier et a même établi un nouveau record à 2 h 05 min 02 sec. Voici son arrivée en vidéo :
J’ai d’ailleurs eu la chance de le voir le vendredi avant le marathon.
Après la course et avant une bonne douche et bon un brunch au Mellow bar, je retrouve Théo (3h39) et Christophe (3h31) et nous échangeons nos impressions.
Il y a quelques années, je ne comprenais pas pourquoi Christophe et tous mes autres amis coureurs prenaient un tel plaisir à courir le marathon. Maintenant, je comprends.
La citation d’Emil Zapotek prend ici tout son sens : « Si tu veux courir, cours un kilomètre. Si tu veux changer ta vie, cours un marathon. »
Jacques Séguéla disait « Si tu n’as pas de rolex avant 50 ans, tu as raté ta vie ». Moi je dirai plus simplement : « Si tu aimes courir et que tu n’as pas fait de marathon, tu as raté un des plus beaux moments de ta vie ».
Bravo à tous mes amis qui ont fini ce marathon que ce soit leur premier ou non : Chantal, Isa, Katie, Marion, Sonia, Sophie, Arnaud, Bryan, Christophe, Loïc, Matthieu, Nicolas, Théo et tous les autres.
Là, je n’ai qu’une envie, en refaire un. Qui me suit ?